Au fond, là tout juste là
La fraîcheur de l’air après la pluie. Dans le noir devant, le ciel au-dessus. Là-haut des milliers d’étoiles resplondissent. Ici bas, un café abandonné sur la petite table. Un frisson des pieds à la tête. Mon corps se raidit et se décrispe d’un coup.
Surgit alors, comme si de nul part, de l’anéantissement de toutes les tensions accumulées de semaine en semaine, chacune ayant sa propre histoire, tel un château de cartes… j’inspire… Dans le receptacle de l’univers s’ouvrant devant mes yeux, là-haut dans le ciel étoilé…
Je m’égare à nouveau. Un deuxième frisson me parcourt. Mes yeux se remplissent instanément et cette fois, c’est chaud. Je suis remplis d’une chaleur bienveillante.
Et c’est ainsi que j’écris. J’espère qu’il n’est pas trop tard pour lancer un appel d’Amour à tout ceux qui me liront. Laisser juste un message d’amour, sur un bout de papier à qui ne s’attendra pas, ce soir ou demain matin, à recevoir un tel message, mais pas plus tard car le temps est précieux.
Une vie, c’est tout au plus, 80 printemps, 80 occasions de fêter son anniversaire, 80 occasions de regarder les feuilles tomber en automne, 80 premiers jours de l’été et des terrasses. Et lorsqu’on est malade bien plus tôt que prévu, cela peut devenir très court, très très court.
Il suffirait, pour éveiller ce genre d’acte, de pas grands choses. Je sais toutefois que parfois, il est bien difficile de le ressentir, par peur de souffrir (qui est la mienne), par peur d’être juger, par peur de bien des choses ou par oubli. Alors il suffirait simplement de se souvenir d’un de ces moments où on a ressenti la chaleur d’une personne bienveillante (d’une mère aimante, de la présence d’un ami, etc). Un souvenir neutre car l’amour bienveillant est détaché de tout attachement à une personne. Seule la chaleur du souvenir compte, la sensation de sécurité.
Et y travailler, jour après jour, juste quelques instants. Petit à petit, le travailler pour se rappeler à soi-même de s’aimer. Petit à petit, s’en rappeler lorsqu’une personne proche a besoin de réconfort. Petit à petit rapprocher de soi cet état avec les personnes moins proches. Petit à petit avec les personnes qui nous sont déplaisantes. Petit à petit au reste de l’univers.
Au fond, là tout juste là, est mon Coeur. Il est proche et pourtant si lointain. Proche car il a toujours été là. Lointain, car la carapace que j’ai construite tout autour, en même temps qu’elle m’en protège, m’en éloigne aussi.
Petit à petit, je défais chaque brique.