Auteur/autrice : Marie-José Monnard

Le Yéti des Pyrénées

Arrivé à Lescun, Sam n’avait pas consulté de miroir depuis quelques semaines. Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre la réponse: «Personne que vous ne ressemble autant à un Yéti. Avec votre barbe hirsute, les cheveux sel-poivre en bataille, le teint hâlé des hauteurs et Dieu merci, je ne possède pas de nez, je vous fais grâce des odeurs.»

Samuel a marché, aujourd’hui dans le brouillard. Un brouillard qui vous mouille jusqu’aux os. Pas de miracle si son estomac est un peu brouillé par l’humidité et les petits fruits rencontrés le long du chemin.

Une bonne nuit de sommeil après une douche salutaire et un tour de Miele dans une laverie. Et notre Yéti pourra remplacer Martina Hingis pour une page de pub: avec Miele, j’ai du temps pour les Pyrénées.

Compagnon d’une nuit

La veille sur le chemin qui le menait à Gourette, il rencontra une famille, venue d’Espagne, accompagné d’un chien, qui faussa compagnie en fin de journée. La nuit tombait et c’est le coeur en peine que la famille de Ouïti le chien, regagnait leur foyer. Samuel ne pouvait pas laisser ce chien qu’il connaissait à peine entamer une vie de chien errant. Il en avait déjà trop croisé sur sa route. Et c’est à la lampe frontale qu’il entreprit de chercher dans les alentours. Après une longue attente, Samuel et le chien dormaient sous tente. L’histoire dira que le lendemain, Ouïti retrouva sa famille mais elle ne dira pas qui cette nuit là avait les plus grosses larmes: les larmes de joie de Samuel ou les larmes de chagrin du compagnon à quatre pattes !

Après un long silence

Même en terre inconnue, alors qu’on s’en met plein les yeux, les oreilles et que l’on voudrait le faire partager avec la moitié du monde, il y a des quêtes qui se font dans un coin de soi. Samuel est arrivé au point où son âme devenait son compagnon de route et c’est dans le silence et le recueillement qu’il a voulu marcher quelques jours, pour mieux nous revenir.

Arrivé en début de semaine à Gourette, station de sport d’hiver des Pyrénées occidentales, Samuel a récupéré son deuxième paquet de ravitaillement. Alors qu’il devait trouver du gaz, il trouve des bonbons, des bonbons mais des bons! que moi, sa maman, a mis pour boucher les trous. Ce qui n’est pas du goût de Samuel.

Sans gaz mais plein d’espoir d’en trouver dans le prochain paquet, Samuel marche jusqu’au lac d’Anglas, joli lac qu’il rejoint sous un soleil de plomb. Peu d’arbre pour jouer avec les ombres. La région est pastorale. Les moutons squattent les alentours.Tout en montant il découvre la cascade du même nom. Il y a longtemps que l’on exploite plus les mines de fer mais l’on peut voir encore les ruines des anciens bâtiments et l’entrée de la mine.

Surpris par l’orage, la foudre l’empresse de filer son chemin et de trouver un abri pour la nuit.

A quand une route au sommet de l’Everest?

10 août Vignec -Lac d’Oule

Des heures et des heures qu’il marche au bruit des voitures. Il a traversé le col de Tourmalet, région des Hautes Pyrénnées connue pour les sports d’hiver. Il ne semble pas dépayser puisque les Alpes offrent aussi ce décor pelé et lunaire où plus une fleur ne pousse.

Région de lacs et de barrages qui alimente le fond de la vallée, la ville de Lourdes et qui contribue certainement aux miracles du lieu.
Régime efficace pour perdre la culotte de cheval !

Par Marie-José le mardi, 11 Août 2009 21:43

11 août Après une journée de marche, il décide de s’arrêter à la cabane d’Aygues-Cluses à 3 heures de Barèges. Ses muscles fondent dangereusement, son genou lui fait mal. Douleurs conservées de son passé de judoka.

D’orage en orage, week-end du 8 au 9 août

7 août Trempé, Samuel arrive au gîte des Granges. Il passera la nuit. Une nuit d’orage et de vent, où il est plus sage de dormir à l’abri. Ce temps durera tout le week end. Le moral est au beau fixe. Il a puisé la réserve de graisse et grignote sur les muscles!!!

8 août Au petit matin du samedi, Samuel quitte le gîte d’Astau pour arriver à 15h à la cabane d’ourtiga à 1600m. Petite cabane sommaire au milieu des pâturages où paisent des vaches Limousines.

9 août De la cabane d’Ourtiga à la Vieille-Aure, haut lieu de la minéralogie française, un ancien site d’extraction de manganèse a été aménagée pour les touristes qui peuvent pendant 40’ s’aventurer sous terre, de là Samuel se rend pour une nuit moins chère au camping de Vignec. Il pleut.

Région touristique hivernale, la chemin qui mène de Loudenvieille à Vigner longe une route cantonale où dorment de chaque côté des pistes de ski.

Des Pyrénées aux Alpes…

Dernier soir avec Adrien avant de descendre sur Aulus-les-Bains.

Je n’ai pas de nouvelle d’Adrien mais je sais d’après une collègue qu’Adrien va avec Florian courrir ce week-end « Sierre – Zinal» appelé aussi «course des Cinq 4000» avec 31 km de parcours, 2200 de dénivellé positif et 800 m de descente, elle est sans aucun doute la plus belle course en Valais. Je leur souhaite plein succès et bravo pour leur courage.
D’orage en orage, week-end du 8 au 9 août

Le pic qui cache la montagne !

Arrivé à Fos la veille, ce matin Samuel gravit le Pic du Bacanère à 1600 m de dénivellé.La vue sur Maladeta le plus haut sommet des pyrénnées espagnoles est à couper le souffle. Au fond de la vallée coule la Garonne qui va se jeter dans la mer à Bordeaux. Il fait chaud, le temps est à l’orage. Le brouillard le sruprend. Il doit redescendre. Mauvais direction, le conduit en Espagne, après 2 heures de marche pour rebrousser chemin, il prend ses jambes à son cou pour fuir l’orage qui le rattrape.

Il ne manque que William Wallace!!!

Dernière nuit en compagnie d’Adrien sur les hauts d’Aulus les Bains.

Les voici dans la partie ariégeoise des pyrénnées, région spécifique pour ses pâturages, ses vallées encaissées sur fond de sommets parfois enneigés sans oublier ses lacs aux couleurs changeantes.

Baigné dans un coucher de soleil à vous couper le souffle, entouré de ces petites constructions circulaires en pierres sèches qui servaient à abriter les troupeaux, Adrien et Samuel sont transportés dans un décor de nostalgie poétique accompagné d’émotions fortes digne du grand film «Braveheart».

Plus seul

28 juillet, 20h, Mont Louis : Rejoint par Adrien qui apporte les dernières nouvelles du village, de la famille et le ravitaillement pour les 10 prochains jours. Ça fait du bien de voir une tête connue,de pouvoir partager les premières impressions du parcours. Ils se partagent la charge des sacs à dos, revoient le tracé des prochains jours et s’endorment au son d’un duo de ronflement.

30 juillet: la vie est chère même en France voisine. Et pas de banque UBS pour faire du change. Alors petit détour par les USA. LOL!!!

Mérens les Vals: première douche chaude depuis… au camping communal. Il est difficile de se défaire du confort rudimentaire de tout homme civilisé!

31 juillet: sa petite sœur Justine a attrapé le virus. Elle part demain pour la Sicile avec son amie Mathilde. 24 heures de car avec aux 3 heures arrêt pipi.

Je crois qu’à la même époque l’année passée, Samuel avait escaladé le Pic du Carlit à 2900m. La beauté du paysage, la diversité de la faune et la flore l’avaient ensorcelé et l’idée de traverser les Pyrénées vint de cette escapade.

1 août: Après une chaude journée, le temps est à l’orage. Ils trouvent un endroit à l’abri pour planter la tente.Aujourd’hui rencontre avec des isards et des mouflons.

2 août : Il pleut, le brouillard empêche de progresser. Mais le soir, ils dorment au sec à Siguer. Comme le soleil n’était pas au rendez-vous, le portable n’a pas pu se recharger. Et manque de bol, la prise du chargeur montre quelques faiblesse.

Adrien est fatigué mais va bien. Il commence à trouver un rythme de croisière.

Le ciel est à l’orage.

A 20 km de l’Espagne et 1 heure d’Andorre, Samuel a, après 6 jours de marche intensive, posé son sac au gîte «Malaza» au dessus de la commune de Planès situé dans le Parc Naturel des Pyrénées Catalanes. Les pieds en éventail, il fait le bilan de la semaine. Avec une moyenne de 9 à 10h de marche par jour, un temps magnifique, des rencontres inoubliables, des cloques aux pieds et des claques de la Tramontane, il ne regrette rien. Mardi soir il sera rejoint par Adrien à Mont-Louis. Adrien qui partagera son périple sur une dizaine de jours.

[De la Mer à l’Océan from samuel monnard on Vimeo.]

Made with Love @ 2017 Samuel Monnard