Marseille-Saint-Charles
J’ai voyagé trop vite, déjà.
Il me restait 5 euros, et une fois à l’automate, je songeais aux 100 euros que je pourrais retirer. Sur l’instant, cela m’apparut trop, alors je mets la carte, compose mon code à l’abri des regards. Puis j’appuie sur les 40 euros. La machine réfléchit. Elle consulte mon compte. J’ai un présentimment. La machine s’éternise ou est-ce moi ? La carte ressort. Je sais. Sur l’écran s’affiche « montant indisponible ». Je sens mon corps qui se glace, me prend au ventre déjà engourdi pour n’avoir rien mangé de la journée.
Je reprends ma carte avec la sensation que cette fois-ci, j’allais devoir composer différemment, faire face à moi-même. Toutes les cartes de mon château s’envolent au vent. Je suis seul, sans argent, loin de chez moi et le monde s’est transformé en quelques secondes.
J’essaies de rester calme.
C’est débile, sans argent. La batterie de mon téléphone épuisé. Je ressens cette angoissante impression, celle qu’on ressent lorsque le côté matériel nous échappe.
Le pire est de ne pas oser demander de l’aide, il va pourtant le falloir. J’ai honte. Trop bien vêtu pour être de la rue, pas assez pour me confondre aux autres.
C’est aussi la première fois où j’écris et que je voudrais que ce soit moins noir.