02 – Un départ serein

Nous sommes samedi matin, 17 avril.

Mon père m’emmène au point de rendez-vous.

Notes : je prends, cette fois-ci, le temps de raconter cette partie. Quand on part en voyage, ou un événement important, il se passe bien trop de choses dans la tête. En tout cas la mienne tourne à plein régime ! J’aborde extérieurement un air décontracté. A la limite, on pourrait croire que c’est un jour comme un autre, au bureau, café dans une main, clope dans l’autre, à rédiger quelques emails, relire mes notes. La routine.

A l’intérieur, c’est une autre histoire. Je relis pour la centième fois ma liste de matériel, vérifie chaque recoin de mon sac, quitte à le défaire et refaire une dernière fois. Et puis, il y a les soucis du moment. Ais-je bien informer mes clients de mon départ, n’ai-je pas oublier le RENDEZ-VOUS ?! Ma soeur va-t-elle accouché en mon absence ? N’aurais-je pas dû reporter mon départ ? Ais-je donner à boire à ma plante… la pauvre ! Ais-je fermé les lumières, mon ordinateur est-il arrêter ? Les volcans, j’aimerais retourner en voir, oui mais quand ? J’ai pris un bonnet, pourquoi pas ? Est-ce que j’aurai le mal de Mer ? les étoiles brillent vraiment plus que les planètes ? Est-ce que la vie est-elle une suite d’attachement et de détachement ? Vais-je finir seul à force de partir voyager ? La bière fait des bulle, là où il y a de la poussière.

Bref.

Enfin tout est chaotique. Air paisible, à l’extérieur, toujours. Je bois une bière avec mon Père. Il fait beau.

01 – La grève et le volcan

Il me faut rentrer à la maison, préparer mes affaires.

Mais avant, je me rends à la gare pour réserver mon billet de train pour le lendemain matin. L’éruption volcanique en Islande complique les transports. Les compagnies aériennes sont clouées au sol, dans toute la partie nord de l’Europe, la SNCF (compagnie ferroviaire française) sont en grève depuis 11 jours. Donc, je sors bredouille avec pour seul information précise, me rendre à Lausanne le lendemain et puis m’informer auprès du contrôleur, si une place est encore libre dans le TGV pour Paris.

Je suis excité par l’idée de ce voyage, rien ne pourra m’arrêter, je me sens pousser des ailes.

Le hasard, la chance, je ne sais pas lequel choisir.

Mais quelques minutes plus tard, j’appelle mon ami d’enfance. Il se trouve dans la même ville, au même moment. Il me raconte que le lendemain matin, il part avec sa chérie à Paris. Imaginez-vous la scène ?

L’Océan

30 août 2009, 16h49, Samuel pose un pied dans l’océan.

Il fait beau et chaud. L’océan est au rendez-vous. Seul face à cet infinité de bleu, Samuel ressent la démesure de la solitude. Il aurait aimé avoir sa famille, ses amis auprès de lui.

20 euros pour le camping, place qui mesure 30 fois ma tente, entourée de tuyas pour ne pas déranger les voisins. Alors que je voudrais voir mes amis, ma famille, mes proches. L’océan, la plage, la route, le camping, le train et tout derrière les Pyrénées!!! Samuel

DE TOUT COEUR, Samuel nous sommes avec toi. Ce partage que tu nous a fait vivre à travers ta maman, tu vas nous le faire vivre avec tes mots, tes photos, tes anecdotes et surtout cette joie,cette paix qui se lit sur la seule photo que tu nous a envoyé. Bravo, Merci, et Gros Becs ! Maman

Terrain de foot ou fronton

Bravo au peuple basque, ils ont compris où se joue l’amitié!

Quand on traverse les agglomérations basques, il y a une construction qui frappe l’oeil. Le fronton, un mur de 10 mètres de long sur 6 à 10 mètres de haut, contre lequel on joue à la pelote. Ce mur est soit adossé ou en prolongement à un bâtiment comme l’église, la mairie…

Et si chez nous, le terrain de foot fréquentait le parvis de l’église, nous aurions pu cotoyer , l’an passé, l’équipe française de football plus chaleureusement et partager la «pomme» ou la cuchaule entre deux frappes. Seulement voilà même la première messe basse ne se dit plus à l’église. On dit que la faute incombe au manque de prêtre, et si c’était à la faute de l’éloignement du terrain de foot!!
Pensée

Par Marie-José le samedi 29 Août 2009 à 15:28

« Il n’y a que deux choses immuables et éternelles : le ciel étoilé au dessus de nos têtes et la loi morale au fond de nos coeurs. « Emmanuel Kant

Il y a une chose que Samuel ne pourra pas effacer de ses yeux, de son coeur et de ses souvenirs: c’est cet instant présent où il aperçoit l’océan. Samedi 29 août , 17 h, après 40 jours de marche.

BRAVO, nous sommes pyrénéenement avec toi. Maman

J – 2

Après avoir dormi dans un des plus beau village de France, Samuel a repris à toute vapeur son périple, à l’exemple de la première locomotive qui empruntait la ligne du Tonkin il y a 150 ans et que l’on fête pompeusement ce week end.

Ainhoa village de 650 âmes, reçut le label des plus beaux villages de France, décerné par une association indépendante née en 1982, pour promouvoir les atouts touristiques des petits villages riche en patrimoine de qualité.

Plus près de chez nous, il y a Yvoire, Chamonix qui font parties de la liste des 193 plus beaux villages de France. Cela va sans dire que l’afflût des touristes est important et en haute saison difficile à vivre pour l’habitant. Allez faire un tour à Yvoire pour vous en rendre compte.

Pour faire partie de l’association plusieurs critères sont demandés:

* population inférieure à 2000 habitants
* dêpot d’adhésion approuvée par le conseil communal
* possession d’au moins de deux sites ou monuments classés ou inscrits.
* politique de préservation du paysage qui doit se concrétiser dans les outils d’urbanisation.

le paiement d’une cotisation est requis des villages associés.

Ainhoa a, de commun avec Attalens, son église dédiée à Notre Dame de l’Assomption. Sur le GR 10, les randonneurs entrent au village en longeant le chemin de croix.

Napoléon III et Eugénie impératrice ont étanché leur soif à la fontaine du lavoir

J – 3

Ce matin je me mettais à la place de Samuel quand ses yeux apercevront l’océan, Je cherchais dans ma mémoire un chant, un poème qui parle de cet immensité d’eau. Alors que l’on chante la Mer, il n’y avait rien qui me venait à mes lèvres sur l’océan.

J’ai demandé à Samuel par SMS, de regarder, de s’imprégner du tableau qu’il va découvrir. Voilà sa réponse:

«Je vois pour l’instant qu’une crème Chantilly que m’offre le ciel et un semi de pluie qui rafraichit mon corps, Je devrai dire mon cerveau en effervescence. Je pense à l’idéalisme décrit par Kant*, mélangé à ce décor fantomatique.

J’ai oublié la phrase d’un livre de Tolstoï** qui parle de la vie conjugale. Tout ça me fait penser que je suis pas loin de la fin et d’un retour à la civilisation. J’en demeure perplexe toutefois. J’étais il n’y a pas si longtemps des vôtres.

L’océan, maman, je t’en parlerai et te le décrirai avec des yeux d’enfants. Vous embrasse et vous remercie de m’avoir donné la vie. Votre Sam.

* Je n’ai donc aucune connaissance de moi tel que je suis, mais je me connais seulement tel que je m’apparais à moi-même, extraite de Critique de la raison pure.

**Vois-tu, dit Stéphane Arcadiévitch, tu es un homme tout d’une pièce. C’est ta grande qualité mais aussi ton défaut.Parce que ton caractère est ainsi fait, tu voudrais que la vie fut constituée de la même façon. Ainsi tu méprises le service de l’Etat, parce que tu voudrais que toute occupation humaine correspondit à un but précis – et cela ne saurait être. Tu voudrais un but dans chacun de nos actes, tu voudrais que l’amour et la vie conjugale ne fissent qu’un- cela ne saurait être. Le charme ,la variété, la beauté de la vie tiennent précisément à des oppositions de lumières et d’ombres. ANNA KARENINE de Tolstoï

Si je crois qu’il pense à ces extraits, Samuel peut avoir l’esprit en ébullition.

J – 4

Arrivé en fin de journée à Bidarray accompagné de la pluie. Longeant la crête d’Iparla, c’est en bordure d’une falaise qui surplombe d’impressionnants à-pics que Samuel a marché. Il a croisé des troupeaux de moutons et de chèvres mais aussi des pottokak, une race de poneys vivant en semi liberté sur les hauteurs dans cette région.

Pour la petite histoire, le pottok vivait il y a 1 million d’année. Animal de grande résistance et de petite taille, 1m32, les paysans basques l’ont domestiqué pour le travail au champ et plus tard il fut envoyé dans les mines.

Cette région est fréquentée par une colonie de vautours fauve avec ses 2m50 d’envergure il ne passe pas incognito au-dessus de nos têtes. Victime de leur mauvaise réputation, on dit qu’ils attaqueraient moutons et vaches par manque d’animaux sauvages.

Le 24 avril de cette année, un vote au parlement européen a autorisé l’utilisation de carcasses d’animaux pour nourrir les rapaces. Une nouvelle qui pourrait permettre d’éviter les frictions entre éleveurs et vautours. Chez nous les frictions ont lieu entre éleveurs et le… (je vous laisse deviner)

Etape la plus dure pour Samuel, car malgré le paysage verdoyant qui l’entoure, il est difficile de trouver un point d’eau.

J – 5

St Etienne de Baïgorry, 50km de l’océan. C’esr au rythme des 2004 Vers de la chanson de Roland que Samuel empruntant les petits chemins arriva à St Etienne de Baïgorry. Il étancha sa soif dans le vignoble d’Irouléguy, se laissa bercer au son de la flûte à trois trous que chaque berger entonne une fois le troupeau réuni, et s’endormit sous le soleil rougissant les crêtes d’Iparla au camping du lieu.

C’est en traversant le village par le pont romain, que Samuel découvre l’ Etxe (maison) aux pierres taillées rehaussée d’un linteau qui indique le nom du maître des lieux et la date de construction.Il faut dire que la maison est par tradition léguée de génération en génération.

Samuel si tu rencontre une belle demande lui de t’initier au fandango.!!! Non pas le fango, mais FANDANGO, danse basque qui est un ensemble de pas rythmés sous forme de marche. Sans oublier le béret qui est de mise.

A moins que tu veuilles te mettre au Bertsularisme ou l’art de chanter un poème improvisé pour pouvoir à ton retour nous conter ton voyage.

A la croisée de St- Jacques de Compostelle

 

En cette journée du 25 août, Samuel n’a pas échappé à la pluie qui arrose toute l’Europe. Mouillé mais heureux d’arriver à St Jean Pied de Port qui signifie «au pied du col», Samuel récupère son dernier paquet de ravitaillement.

Capitale de la Basse-Navarre, elle est rattachée à deux réalités dominantes du Moyen-Age: celle du pélerinage de St-Jacques de Compostelle, et celle du royaume de Navarre. La Basse-Navarre fut unie à la couronne de France d’où le titre d’Henri IV: roi de France et de Navarre.

Point de passage obligé sur l’itinéraire de St Jacques de Compostelle nous entrons dans la ville par la Porte St Jacques inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité, est l’une des portes fortifiées de la cité.

Samuel est en terre basque et les graffitis et les inscriptions sauvage sur les murs lui rappellent qu’un groupe indépendantiste nommé l’ETA a fait la une des journaux ces derniers jours.

Made with Love @ 2017 Samuel Monnard